Violences universitaires, à quand la fin ?

Article : Violences universitaires, à quand la fin ?
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20 juin 2016

Violences universitaires, à quand la fin ?

Depuis 26 ans, l’école ivoirienne souffre des violences universitaires. Depuis l’introduction des loubards sur les campus d’Abidjan, on assiste, le cœur meurtri au déclin de notre école. Notre école qui a pourtant formé la plupart des intellectuels ouest-africains. Mais aujourd’hui la violence a atteint son niveau de paroxysme. Comment expliquer ce phénomène ?

Tout d’abord, je pense que la cause provient des mauvaises conditions d’étude des étudiants. En effet, le début des années 90 a été marqué par la crise économique en Côte d’Ivoire. Finie la période dorée où les étudiants étaient entretenus comme des rois. Les universités commençaient à déborder d’étudiants. Et les chambres s’amenuisaient. Les débourses et prises en charge se faisaient rares. Cela augmentait de plus en plus la pression sociale.

En outre, profitant de cette atmosphère de colère, la politique s’est immiscée dans les affaires estudiantines. L’an 1990 marquait également le déclin du pouvoir de Félix Houphoüet-Boigny qui sonnait son glas. Se voyant menacé, l’État introduit alors des loubards, ces gros bras vagabonds qui sèment la terreur dans les gares routières à Abidjan, pour faire taire les étudiants par la force. Malheureusement, c’est là que la violence prit une autre envergure. C’est ainsi qu’on assista à l’introduction de la machette à l’université.

En plus, chaque association estudiantine, pour survivre, s’est inféodée à des partis politiques, loin des idéaux de revendication des conditions d’études. A l’époque, le MEECI (Mouvement des Élèves et Étudiants de Côte d’Ivoire) était proche du pouvoir de Félix Houphouët-Boigny. La bouillante FESCI (Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire) a eu son heure de gloire sous le règne de Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, on assiste à la création du Conseil des Étudiants, qui, quoi qu’on dise, reçoit les grâces du pouvoir en place. Cette discrimination crée des frustrations au sein des différents syndicats. A tel point qu’on assiste de façon récurrente à des affrontements entre étudiants. A la machette. Des blessés. Souvent des morts. A côté de ce climat interne délétère, le voisinage avec l’école de police vient surplomber la situation. En effet, à chaque manifestation des étudiants, on assiste à une véritable chasse à l’homme sur le campus. Des étudiants battus à sang, parfois violés. La dernière en date, c’est le fameux délogement des étudiants du campus de Cocody pour les Jeux de la Francophonie en 2017. Des étudiantes crièrent au viol. Des propos balayés du revers de la main par les autorités. Plusieurs étudiants furent battus, emprisonnés, rien que pour avoir refusé de quitter leurs chambres universitaires. Récemment encore, un véhicule de police a percuté un étudiant, décédé par la suite. Malgré les appels au calme des autorités, les vieux démons peuvent refaire surface à tout moment. L’étudiant lambda est toujours sur le qui-vive. A tout moment et en tout lieu, les cours peuvent être perturbés.

En un mot comme en cent, la situation dans les universités ivoiriennes est loin de l’apaisement. Le spectre de la violence est lisible dans les comportements.

Lama

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