Nouvelle constitution / l’ivoirité refait-elle surface ?

Article : Nouvelle constitution / l’ivoirité refait-elle surface ?
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4 octobre 2016

Nouvelle constitution / l’ivoirité refait-elle surface ?

Pendant la campagne présidentielle d’octobre 2010, le candidat Alassane Ouattara avait promis de modifier la constitution pour, dit-il, enlever tous les articles confligènes. Notamment l’article 35.

En effet, cet article controversé serait à la base du concept de « l’ivoirité ». Une sorte de classification des ivoiriens en fonction de leurs différentes origines. En clair, « Le candidat à l’élection présidentielle doit être ivoirien d’origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine. Il doit n’avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne. Il ne doit s’être jamais prévalu d’une autre nationalité (…) ». En tout cas, cet article a servi de prétexte pour commettre et admettre les pires crimes dans le pays ; un pays coupé en deux. Une grande partie contrôlée par la rébellion armée et le reste par le gouvernement Gbagbo.

Après son installation en 2011 dans le fauteuil présidentiel à la suite d’une crise post électorale, Alassane Ouattara dit n’avoir pas eu le temps de procéder à la modification de la loi fondamentale. C’est seulement au cours de son second mandat qu’il va tenter de rattraper cette promesse de campagne. Cependant là encore, beaucoup d’ivoiriens se trouvent confus entre révision de la constitution et nouvelle constitution. Tans pis pour ceux qui ne l’ont pas compris. Il s’agit bel et bien d’une nouvelle constitution. Une constitution faite à la hâte. En pratiquement trois (03) mois, les experts juristes d’Alassane Ouattara ont tout bouclé. Le nouveau projet compte 184 articles.

Dans ma lecture, j’ai relevé plusieurs incongruités. Cependant, j’aimerais m’arrêter sur l’article 35 de la défunte constitution où il était question d’éligibilité du président. La nouvelle constitution consacre cet aspect à l’article 55 : « Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois. Il choisit un vice-Président de la République, qui est élu en même temps que lui. Le candidat à l’élection  présidentielle doit jouir de ses droits civils et politiques et doit être âgé de trente-cinq ans au moins. Il doit être exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d’origine ».

Le terme « exclusivement » me dérange personnellement. Cela va encore créer des frustrés. Des ivoiriens qui ont la double nationalité se voient déjà écarté du pouvoir. M. Ouattara, lui-même qui a souffert de cette exclusion, est entrain de provoquer une nouvelle forme d’ivoirité. Si cette constitution se dit nouvelle, consensuelle, moderne, alors elle doit éviter de catégoriser les ivoiriens.

Par ailleurs, l’idée de créer un poste de vice-président et qui est choisit par le président lui-même ne vient pas résoudre la guerre de leadership dans le pays. En effet, on le dit souvent avec plein d’humour : « il n’y a pas deux capitaines dans le même bateau ». Pire, un vice-président viendra alimenter la bataille pour le siège. A tout moment le regard sera tourné vers lui, en cas de mutinerie, de soulèvement populaire. Il sera soupçonné à tord ou à raison comme celui qui veut renverser le président en place. Les événements en cours au Brésil achèvent de nous donner raison. Dilma Roussef jure sur tous les toits que Michel Temer, son vice-président, est à la base de tous ses malheurs.

 Lama

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