Vive la 3è république, vive la monarchie à l’ivoirienne

Article : Vive la 3è république, vive la monarchie à l’ivoirienne
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2 novembre 2016

Vive la 3è république, vive la monarchie à l’ivoirienne

Selon les résultats provisoires proclamés par la Commission Electorale Indépendante (CEI), la nouvelle constitution a été adoptée à 93,42% contre 6,58% pour le « non ». Le taux de participation, serait de 42,42%.

Sur les six millions d’électeurs convoqués dans les urnes, dimanche 30 octobre, seuls deux millions quatre cents quatre-vingt mille deux cents quatre-vingt sept (2.480.287) sont sortis pour aller dire oui ou non à la nouvelle constitution.

On le sait. Le véritable enjeu de ce référendum, c’était le taux de participation. Personnellement le dimanche, je n’ai pas mis le pied dehors pour aller voter, parce que je suis contre ce projet. Cependant, selon les observations des blogueurs sur le terrain, les bureaux de vote ont manqué d’affluence. Dimanche jour de prière chez les chrétiens, beaucoup ont choisi l’appel de Dieu plutôt que l’appel du président Ouattara.

En tout état de cause, le jeu était gagné d’avance. L’opposition, même si elle donne un autre chiffre autre que celui de la CEI, est peu crédible d’autant plus qu’elle a appelé au boycott. Donc ses observateurs n’étaient pas sur le terrain.

Là où se situe mon inquiétude, c’est bel et bien le contenu de cette nouvelle constitution. Je vais m’attarder ici sur la création du poste de vice-président. La coalition au pouvoir (RHDP) veut à travers cette disposition pérenniser sa main mise sur la gestion de l’Etat, à l’image de Poutine et Medvedev en Russie. Les mêmes causent produisent les mêmes effets, dit-on. La gestion intemporelle du pouvoir par une personne ou une oligarchie conduit toujours dans des abîmes profonds.  On me dira que la nouvelle constitution accorde un statut au chef de l’opposition. Cependant cet opposant ne deviendra jamais président. Il sera considéré comme un « OPPOSANT HISTORIQUE », jusqu’à son dernier souffle.

Par ailleurs, l’ancienne constitution était on ne peut plus claire sur le mode de succession à la tête de l’Etat : le président de l’Assemblée national remplace le président en cas de vacance du pouvoir jusqu’à la tenue des élections présidentielles. En quoi cette disposition est source de conflit de succession ?

Lorsqu’on veut abattre son chien, on l’accuse de rage, dit-on. En réalité, le président Ouattara n’a pas digéré sa mise à l’écart en 1993 après le décès de Félix Houphouët Boigny. Où le poste de président revenait légalement à Henri Konan Bédié, président de l’Assemblée nationale à l’époque, par ailleurs, dauphin constitutionnel.

En tout état de cause, le pouvoir se contrôle par le pouvoir. C’est-à-dire il faut un contre pouvoir au pouvoir pour éviter les abus, le favoritisme, le népotisme, l’exclusion, la frustration d’une partie de la population. La nouvelle constitution semblerait favoriser tous ses vieux démons où la quête du pouvoir est la chose la mieux partagée par les hommes.

Et à l’état actuel, la coalition au pouvoir (toujours le RHDP) a une image peu reluisante auprès des populations ivoiriennes. Le dernier signal en date les manifestations éclatées contre les factures de la CIE (Compagnie Ivoirienne d’Electricité) en juillet 2016. Le désespoir se lit sur beaucoup de visages. La vie devient de plus en plus chère. Le chômage est toujours en hausse. Récemment je me suis rendu à Daloa, centre-ouest à 400 km d’Abidjan, pour un reportage sur le réseau d’immigration clandestine. Tous les jeunes que j’ai rencontrés ont les mêmes mots à la bouche : « PAUVRETE, CHOMAGE ».

En définitive, le développement durable d’un pays repose sur le bien être social et économique des populations. A force d’encaisser les coups, on finit un jour par riposter de la mauvaise manière. Tôt ou tard, on aura marre, si ce n’est déjà le cas, de la gestion actuelle du pouvoir RHDP.

Lama

 

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