Mabri Toikeusse, victime de l’alliance RHDP

Article : Mabri Toikeusse, victime de l’alliance RHDP
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29 novembre 2016

Mabri Toikeusse, victime de l’alliance RHDP

Je le disais dans une de mes dernières chroniques : la nouvelle constitution ivoirienne ne pourra en aucun cas enterrer « la guerre de leadership » ou encore la bataille pour la chaise présidentielle, malgré les arrangements politiques aux contenus douteux et hypocrites.

Récemment c’est avec aberration que nous avons appris depuis le palais présidentiel au Plateau le limogeage de deux alliés du RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la Paix et la Démocratie) ; notamment Albert Mabri Toikeusse, ex ministre des Affaires étrangères et Gnamien Konan, ex ministre de l’habitat et du logement social. Le premier est leader de l’UDPCI (Union Démocratique pour la Paix en Côte d’Ivoire) et le second issu des rangs de l’UPCI (Union pour la Paix en Côte d’Ivoire).

Le RHDP est l’alliance au pouvoir depuis 2010 grâce notamment au soutien de l’UDPCI et UPCI  qui ont appelé leurs électeurs à soutenir la candidature de Alassane Ouattara au second tour de l’élection présidentielle. Après 6 ans de gestion commune du pouvoir, Alassane Ouattara décide de mettre fin à sa collaboration avec ses deux alliés d’hier. Quelle est la principale raison évoquée ?

Pour les observateurs de la scène politique ivoirienne, il s’agit d’un désaccord relatif aux élections législatives du 18 décembre 2016. Les deux dissidents ont décidé de faire cavalier seul malgré la liste proposée par l’alliance. Justement sur cette liste, aucun des leaders de l’UDPCI et de l’UPCI n’a bénéficié de l’investiture de l’alliance.

En plus, la grogne se faisait de plus en plus ressentie au sein des partis, car leur avis n’était pas forcément pris en compte dans la désignation de leurs futurs représentants à l’hémicycle. Encore que la part belle revient au RDR d’Alassane Ouattara et au PDCI d’Henri Konan Bédié.

Ce conflit de leader au sein du RHPD n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Pendant longtemps, en effet, le RDR considère le PDCI comme son véritable adversaire, que dis-je, son véritable allié capable de changer la donne à tout moment.

On comprend donc les campagnes de séduction d’Alassane Ouattara vis-à-vis de ce parti, à travers des concessions énormes : les postes clés comme la primature, la défense, la santé, l’industrie, l’inspection générale, et j’en passe.

Le troisième pont porte d’ailleurs le nom du président Henri Konan Bédié. Et le comble, depuis quelques temps, on voit la renaissance du droit d’aînesse au sommet de l’Etat. Alassane Ouattara appelle affectueusement Henri Konan Bédié, « mon aîné ». C’est comme si Henri Konan Bédié était le véritable président de la Côte d’Ivoire.

Ma position sur tout ce qui précède est claire : la scène politique ivoirienne est jonchée d’hypocrisie, de calculs, d’intérêts égoïstes. En un mot, le jour où le PDCI ne vaudra plus rien du tout en termes de « bétails électoraux », le RDR va simplement s’en débarrasser comme ce fut le cas des autres alliés du RHDP. A travers cette stratégie, il veut arriver coûte que coûte à s’imposer et noyer à petit feu les autres leaders politiques.

L’opposition politique est inexistante à l’heure actuelle. S’il devait en avoir une, elle serait issue de l’alliance RHPD. Les frustrés devront donc se mettre ensemble pour proposer une autre alternative. Car la population dans sa majorité a soif d’une véritable alternative capable de porter haut ses préoccupations.

Lama

 

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