Insécurité – Adresse au ministre Hamed Bakayoko

Article : Insécurité – Adresse au ministre Hamed Bakayoko
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7 juillet 2017

Insécurité – Adresse au ministre Hamed Bakayoko

M. le ministre de la Sécurité, Hamed Bakayoko, ceci est une adresse personnelle. L’heure est grave. Le secteur du transport terrestre en Côte d’Ivoire va de mal en pis. Et pour cause ? Le diktat des gnambros dans les gares routières et sur nos routes. A Abidjan, ce phénomène est devenu une véritable gangrène. La nature a horreur du vide, dit-on. La non régulation de ce secteur par le ministère des Transports continue de causer de nombreux désagréments non seulement aux chauffeurs et leurs apprentis, mais aussi aux clients.

En effet, dans les gares routières, les gnambros prélèvent des taxes sauvages dont on ignore l’utilité pour le secteur lui-même, encore moins pour l’Etat de Côte d’Ivoire. En plus à chaque arrêt du gbaka ou du wôrô wôrô, le chauffeur doit débourser de l’argent aux gnambros ; la taxe varie de 100F à 600F pour le chargement du véhicule. On ne sait exactement à quoi sert ce prélèvement. Et si par malheur l’apprenti refuse de payer, il est battu, parfois il passe de vie à trépas, rien qu’à cause de 100F. Pour rappel, en 2014, un apprenti s’est fait projeter sur la chaussée du goudron par un gnambro, sur la voie express d’Abobo-Zoo. Il a failli y perdre la vie, n’eût été l’intervention rapide des secours. En outre, les citoyens qui doivent se rendre à l’heure au travail, peuvent passer des heures sur la route, tant que le gnambro ne donne pas son visa avant de bouger. Et la situation va de mal en pis. Récemment à Abobo, un homme respectable s’est fait bastonner par un groupe de gnambros pour avoir crié son ras-le-bol face à ces agissements malsains.

Vous direz pourquoi je m’adresse au ministère de l’Intérieur, en laissant le ministère de tutelle, à savoir celui des Transports. Tout simplement parce que celui-ci a avoué son incapacité à mettre de l’ordre dans ce secteur dont l’anarchie remonte dans les années 95. Il a fait cette confidence au cours d’une conférence de presse en 2015, à laquelle j’ai moi-même participé en tant que journaliste. Il a clairement indiqué ce jour, que les nombreux syndicats et gnambros avaient pris le contrôle des gares routières en lieu et place de l’Etat de Côte d’Ivoire. Encore la nature ayant horreur du vide, arriva ce qui devait arriver. Nous assistons aujourd’hui à la naissance de groupe d’auto-défenses, des bandes organisées, avec des branches armées et des réseaux bien ficelés jusqu’au sommet de l’Etat. Dans ce secteur, la loi du plus fort est la meilleure. Plusieurs jeunes gens ont ainsi réussi à se faire une place au soleil grâce à la force des biceps, et des fétiches. Oui, dans ce secteur, tous les coups sont permis. Des personnes vont “se laver” au village pour venir régner sur un territoire donné. Autour de leurs bras, de leurs reins, des amulettes, des grigris “anti-balles” et “anti-armes blanches” pour mieux se protéger contre d’éventuelles menaces. La crise ivoirienne a favorisé la prolifération des armes au sein des populations, plus encore au sein de ce gang. Chaque groupe a une bande armée, prête à intervenir par la force en cas de nécessité. En 2012 à Abobo, une simple opération de déguerpissement à la gare routière a viré à un véritable combat. Rappelant le triste souvenir de la “bataille d’Abidjan” au plus fort de la crise. Pour dire que les armes circulent encore au sein de cette mafia. Et cela constitue une menace pour la sécurité nationale. Raison encore que votre ministère est concerné.

En outre, le phénomène des enfants “microbes” aurait des ramifications au sein des gnambros qui constituent, en quelque sorte, leur “parrain”. Une révélation faite par l’imam Diaby Almamy, président de l’Ong Nouvelle Vision contre la Pauvreté, qui lutte pour l’insertion des jeunes délinquants. Comme on le voit, le mal est profond. Il est impératif de s’attaquer aux racines de tous ces phénomènes pour sauver des vies humaines. La Côte d’Ivoire émergente doit se faire avec une population en sécurité.

Cordialement.

Lama

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