Le « real politik » à l’ivoirienne

Article : Le « real politik » à l’ivoirienne
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7 juillet 2017

Le « real politik » à l’ivoirienne

Depuis près de 20 ans, après l’avènement du multipartisme en Côte d’Ivoire, un phénomène a pris de l’ampleur, au grand dam de la communauté internationale : « la montée du tribalisme ». En effet, la Côte d’Ivoire est un pays comptant plus d’une soixantaine d’ethnies. Le multipartisme certes a beaucoup d’avantages tel que la liberté d’expression.

Mais ici en lieu et place, c’est l’expression de chaque ethnie de vouloir briguer la magistrature suprême. Le baoulé a gouverné le pays pendant 30 ans, depuis les indépendances. Il est temps qu’un autre peuple fasse ses preuves, dit-on. Ainsi après des dissensions mineures, c’est un bon prétexte pour créer sa formation politique teintée d’ethnicisme. Les trois grands partis du pays représentent cette forte division sociale : le PDCI, Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, est à forte dominance baoulé, ethnie au centre du pays. Le RDR, Rassemblement des Républicains, a son bastion au nord où on retrouve le peuple dioula. Le sud est dominé par le FPI, Front Populaire Ivoirien, dominé par les krous. Selon des analystes, les crises ivoiriennes sont la faute de ces trois partis politiques, qui n’ont pas su garder l’intérêt supérieur de la nation ivoirienne. La crise post électorale de 2011 a été le plus illustratif de cette guéguerre. Certaines personnes ont été tuées tout simplement à cause de leur patronyme, qu’on croyait à tord ou à raison de soutenir un adversaire politique. Au plus fort de la crise, un dioula ou un baoulé pouvait se balader dans les rues d’Abobo sans être inquiété par une mouche. Mais être un bété suffisait pour être égorgé. A Yopougon, il suffisait d’avoir un patronyme à résonance nordiste ou centriste pour être brûlé vif sous le regard des populations.

Vingt ans après le multipartisme ou le début du tribalisme, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Nous sommes en 2005. Des partis politiques décident de faire une alliance pour les futures échéances électorales. Le RHDP ( Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix) fort du PDCI, du RDR, de l’UDPCI et du MFA. Ce groupement politique va finir par remporter les élections de 2010. Confirmant ceci : aucun parti, seul, ne peut remporter une élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Le FPI l’a appris à ses dépends.

Si aucun parti ne peut remporter la magistrature suprême, est-ce à dire qu’il faut un retour au parti unique ? Ne serait-ce pas un recul à la démocratie après une lutte farouche pour le multipartisme ?

Lama

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