L’homosexualité et nous

« Interdire l’homosexualité n’a rien d’homophobe », déclarait le président sénégalais Macky Sall, le 12 février 2020, en présence du premier ministre canadien Justin Trudeau, à Dakar.

Les deux hommes ont des avis partagés sur la question. Macky Sall estime que l’interdiction de l’homosexualité relève de la spécificité culturelle de son pays. Par contre, Justin Trudeau est favorable à la légalisation de l’homosexualité partout dans le monde. Cela y va du respect des droits humains, selon lui.

Une question qui divise

Cette divergence entre les deux hautes personnalités lève un coin de voile sur la question de l’homosexualité dans nos sociétés : une question qui continue de diviser les hommes.

Selon le dictionnaire Larousse, l’homosexualité est une attirance sexuelle pour les personnes de son sexe, par opposition à l’hétérosexualité. On en trouve parmi les hommes (appelés gay) tout comme chez les femmes (appelées lesbiennes). L’opinion publique se définit comme l’ensemble des idées d’un groupe social sur les problèmes politiques, économiques, moraux etc. Selon l’auteur français, Gabriel Marcel, «Il n’y a d’opinion que de ce qu’on ne connaît pas». Autrement dit, la perception de l’homosexualité diffère selon l’espace géographique. C’est d’ailleurs, une thèse défendue par deux chercheurs français, Sébastien Chauvin et Arnaud Lerch, dans « Sociologie de l’homosexualité ». L’ouvrage met en lumière non seulement la manière dont la culture façonne la sexualité, mais aussi comment, à partir de ces sexualités minoritaires, s’élaborent en retour des cultures originales.

Ceci étant, l’homosexualité s’est petit à petit imposée dans la société occidentale, après avoir traversé la croix et la bannière, sous les différents régimes depuis le moyen âge. Depuis le XXe siècle, la pratique est tolérée, voire légalisée dans plusieurs pays. A ce jour, 27 pays ont légalisé le mariage gay dans le monde. Parmi eux, le Canada, les Etats-Unis ou encore la France. Au total, moins d’un milliard de personnes, soit 10% à 15% de la population mondiale pratiquent l’homosexualité.

L’homosexualité se heurte aux valeurs africaines

Toutefois, en Afrique, l’homosexualité se heurte aux valeurs traditionnelles. Pour preuve, plus de la moitié des pays d’Afrique subsaharienne, soit 28 sur 49, disposent de législations interdisant ou réprimant l’homosexualité, parfois passible de la peine de mort. Par exemple, la loi sénégalaise punit de peines d’un à cinq ans d’emprisonnement les actes homosexuels. Le Code pénal parle d’«acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe».

En un mot comme en cent, la pratique de l’homosexualité est vieille comme le monde. De la clandestinité, à la tolérance en passant par la légalisation, elle a traversé toutes les étapes. Cependant, il appartient au continent africain de sauvegarder ses valeurs culturelles, traditionnelles et morales. « Le monde est vieux, mais l’avenir sort du passé » remarque avec pertinence, l’historien guinéen Djibril Tamsir Niane.

Lama