Mon enfant, mon « café-cacao »

Article : Mon enfant, mon « café-cacao »
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7 juillet 2017

Mon enfant, mon « café-cacao »

« Mon enfant, c’est mon café-cacao, ne le touchez pas ». Qui n’a jamais entendu cette phrase sous nos tropiques en Côte d’Ivoire ? On comprend mieux quand on connait la place du binôme café-cacao dans le pays. En effet, l’économie ivoirienne repose sur ces fèves dont l’argent entretient la plupart des ivoiriens. Cette image est utilisée par les parents pour désigner leurs enfants sur qui ils comptent pour leur retraite.

L’Afrique en général, et la Côte d’Ivoire en particulier vit sous cette pression psychologique exercée par les parents sur leurs enfants. Des enfants, voyant les conditions de vie misérables de leurs parents, sont prêts à tout pour devenir « quelqu’un ». Ainsi on assiste à toute sorte de risques et de vices pour atteindre son but entretenu depuis le bas âge par les géniteurs. L’immigration clandestine tire également son origine de ce fait. Quand on demande à un aventurier, il vous dira qu’il veut sortir sa pauvre mère de la misère. Quand on demande à la prostituée du trottoir, elle vous répondra qu’elle veut subvenir aux besoins de sa maman abandonnée par son mari. Quand on demande au jeune « brouteur » (cybercriminel), il vous dira qu’il souhaite aider sa mère à joindre les deux bouts…Voyez comment le problème est profond.

« Tout le monde sait comment faire des bébés, mais personne ne sait comment faire des papas », dixit le chanteur belge Stromae. Il dit tellement vrai…En effet, il a toujours été facile de planter le « café-cacao » puisque beaucoup de terres fertiles existent. Cependant malgré la fertilité du sol, on remarque que l’entretien de ces fèves est un véritable « casse-tête chinois » pour des parents. On croise les bras, on ne fait rien pour entretenir son champ. On fuit sa responsabilité. Et une fois à la retraite, on se met à exercer une certaine pression sur l’enfant. Celui-ci vulnérable qu’il est, ne voit d’autres issus que de braver coûte que coûte tous les obstacles pour devenir « un café-cacao » rentable. Après la pluie le beau temps, dit-on. Lorsque l’enfant réussit, c’est grâce au père. Mais lorsque c’est le contraire, c’est la faute à la mère.

Mais je vais vous raconter une histoire qui s’est déroulée en Arabie saoudite, dans la période du pèlerinage (Hadj). Un candidat au pèlerinage, sous l’anonymat, voulait se rendre à Arafat pour le Hadj (car le Hadj c’est la station de Arafat). Mais il a été empêché par un mal de ventre, qui l’a retenu à l’hôtel. Il s’endort sur ces faits et dans un songe, le vieillard voit des pratiques peu honorables que son fils a dû faire pour obtenir les moyens du voyage spirituel. Une fois de retour au bercail, il renia son fils à jamais. Mais est-ce vraiment sa faute ? Est-ce sa faute s’il entend de jour comme de nuit le rêve de son père ? Est-ce sa faute s’il est gavé à tout bout de champ par ce désir de son géniteur ? Si les maux les plus ignobles continuent jusqu’à ce jour, les parents ne sont pas à exclure des bancs des accusés.

Lama

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Commentaires

Elie
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Je ne connaissais pas cette phrase, mais je la trouve vraiment intéressante. En tout cas, grâce à ce billet, j’apprends une nouvelle chose et ça me permet de mieux comprendre le jargon :)