Mission Salam : Quand la radio devient un instrument de cohésion sociale

Article : Mission Salam : Quand la radio devient un instrument de cohésion sociale
Crédit: Lama
6 décembre 2023

Mission Salam : Quand la radio devient un instrument de cohésion sociale

Depuis janvier 2023, Radio Al Bayane parcourt le nord de la Côte d’Ivoire pour prêcher la bonne parole : la paix et la cohésion sociale. C’est un programme radiophonique dénommé « Mission Salam », financé par l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique en Côte d’Ivoire en vue de renforcer la cohésion communautaire, dans un contexte de menace terroriste. Le projet est d’une durée de 12 mois.

Bouna, ville carrefour

Bouna est une ville située à près de 600 km d’Abidjan, dans l’extrême nord-ouest de la Côte d’Ivoire. C’est une ville carrefour entre deux pays frontaliers : le Burkina Faso et le Ghana. Depuis quelques années, la ville est confrontée à une insécurité qui trouble le sommeil des populations. En effet, plusieurs incendies de véhicules par des individus non identifiés causent la psychose générale. Les rumeurs vont bon train. Certains estiment qu’il s’agit de terroristes venus du Burkina voisin. D’autres par contre n’hésitent pas à pointer du doigt la communauté Peuhl.

Le Roi du Bounkani Sa Majesté Nêguêgbliman, entouré de ses notables, au palais royal

La communauté Peuhl sur le banc des accusés

A l’origine, Bouna est une ville fondée par le peuple Koulango. Du fait de la migration, d’autres communautés sont venues s’installer. Il s’agit successivement des communautés Malinké, Lobi et Peuhl. Cependant, les Peuhls sont indexés à tort ou à raison de créer le lit du désordre pour plusieurs raisons. C’est une communauté dont l’activité principale repose sur l’élevage de bovins. Cette activité pastorale nécessite la transhumance pour des besoins vitaux. Elle se déroule en général pendant la saison sèche, des zones les plus arides vers les plus humides. Ce mouvement massif des bêtes n’est pas contrôlé du fait de la dégradation des infrastructures pastorales (barrages agropastoraux, couloirs de transhumance et zones pastorales). Ce qui engendre des conflits entre agriculteurs et éleveurs, à cause des dégâts de culture.

Le vol des bétails, source de financement du terrorisme

En plus, cette activité économique serait une source de financement du terrorisme au Sahel. Barry Boubakar, expert Burkinabè du pastoralisme, explique : « Les vols de bétail sont signalés de manière récurrente dans la commune frontalière de Doropo et principalement pendant la saison sèche qui correspond au pic de la transhumance. Les bœufs sont interceptés par des individus mafieux qui opèrent soit à travers la complicité de certains bergers transhumants, soit en bandes organisées de pillards pour exproprier les bergers honnêtes de tout ou une partie de leurs troupeaux. Les animaux volés et/ou pillés sont convoyés soit sur les sites d’orpaillage situés en bordure de la frontière ou sur les marchés Ghanéens de la commune de Bole où les attendent des bouchers qui en dernier ressort sont les principaux bénéficiaires de toutes les opérations de vol de bétail.  Toutefois, il convient de souligner que sur cette partie de la frontière, les vols de bétail sont moins structurés et moins organisés que sur le territoire Ghanéen ».

Briser le mur de méfiance par la Radio

Radio Al Bayane a saisi l’occasion pour produire et diffuser des émissions en langue locale afin de briser le mur de méfiance entre les communautés. Il s’agit des langues Koulango, Lobi, Dioula et Peuhl. Idriss Diallo est le vice-président de l’union des Peuhls de Bouna : « Les choses ont commencé à changer de manière positive. Nos parents écoutent désormais les émissions qui passent sur la radio, car elles sont diffusées en langue Peuhl. Les messages de sensibilisation arrivent à bonne destination. Les Peuhls fréquentent les Malinké, les Lobi et les Koulango ».

Lama

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